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Les clés pour identifier un pervers narcissique et s'en protéger

Des clés de compréhension et d'action face à un pervers narcissique.

D'après un article de Rozenn Le Saint


Les méthodes selon Jean-Charles Bouchoux, psychanalyste et les parades possibles conseillées par Marie-France Hirigoyen, psychiatre, auteure du best seller " Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien" :

Il vous humilie en public

« si vous vous rebellez contre son sarcasme, il dira qu’en plus vous manquez d’humour»

Les parades « faire remarquer en réunion que ce comportement ne convient pas»

Il félicite puis accable

« la séduction et la paradoxalité sont caractéristiques du mécanisme de perversité»

Les parades « gardez les traces de ses changements d’humeur, mails, entretiens...»

Il dit une chose et l’inverse

« il cherche à isoler sa victime en la déstabilisant, quitte à manipuler la vérité»

Les parades « actez ses demandes verbales par des confirmations écrites»

Il demande l’impossible

« le pervers narcissique n’a aucun scrupule ni affect vis-à-vis de ses victimes»

Les parades « restez factuel, décrivez l’absurdité de sa demande»


Regardons son action de plus près :

Pour Bruno, ce fut le coup de grâce. Un après-midi, alors qu’il s’apprêtait à quitter le bureau pour rejoindre sa famille en province, cet informaticien s’est vu confier une tâche urgentissime par son chef. "J’en ai absolument besoin pour ce soir", lui a-t-il lancé. Quel rendez-vous si important avait-il pour exiger cette tâche impromptue ? Aucun, a découvert le pauvre Bruno. "Le lendemain, j’ai appris qu’en fait mon chef avait passé la fin d’après-midi à un pot, auquel je n’avais pas été convié d’ailleurs. C’était une façon diabolique de me le faire savoir."


Après avoir été muté à sa demande, Bruno a fini par mettre un nom sur la série d’humiliations et de manipulations qu’il avait subies pendant des mois : il a tout simplement été victime d’un pervers narcissique...


Cette forme de pathologie a été décrite à l’origine par le psychanalyste Paul-Claude Racamier, avant d’être popularisée en 1998 par sa consœur Marie-France Hirigoyen, auteur du best-seller «Le Harcè­lement moral, la violence perverse au quotidien».


Difficile, bien sûr, de quantifier ce fléau, qui concernerait 3% des adultes.


Comparé au harceleur moral, dont il est un cousin, le pervers narcissique a ceci de redoutable qu’il avance masqué. A première vue, «c’est un collaborateur parfait, voire un gendre idéal, qui présente toujours bien».

Il est en réalité imprévisible : adorable un jour, envahissant, exécrable le lendemain. Car ce qui l’intéresse, c’est de briller, à vos dépens si nécessaire.


"Quand Marianne est arrivée dans le service, notre chef lui envoyait sans cesse des mails pour la féliciter sur son travail, lui dire qu’elle était devenue un pilier de l’entreprise. Puis il a commencé à l’exclure des réunions : "Marianne est déjà suffisamment absente, qu’elle se concentre sur ses priorités", disait-il. A ne rien y comprendre. Il l’amenait quand même en réunion quand il avait besoin d'elle pour masquer son incompétence sur un sujet, mais tout en s’assurant de retirer les lauriers de ses interventions."


Souffler le chaud et le froid : Jean-Charles Bouchoux, psychanalyste et auteur des «Pervers narcissiques», se souvient, lui, d’une confidence sur le divan d’un patient, à qui le patron avait reproché un vendredi soir "une énorme erreur" dont ils parleraient le lundi suivant. L’accusé s’était rendu malade tout le week-end, à se demander ce qu’il avait bien pu faire de travers. De retour au bureau, son tourmenteur lui avait dit ne plus se souvenir de cette conversation.


Une autre façon pour ces managers de déstabiliser leurs collaborateurs est de leur donner des injonctions paradoxales ou des ordres contradictoires : faire vite une tâche tout en respectant la procédure, qui est longue. "Les pervers narcissiques sont les maîtres des ordres flous, des reproches pas clairs" note Jean-Charles Bouchoux. Quoique leurs collaborateurs fassent, ce n’est jamais ce qu’ils avaient demandé. De même, en fixant des objectifs qu’ils savent inatteignables ruinent-ils le moral de leurs subordonnés"

Aurélie, jeune commerciale chez H., est ainsi passée sans transition du statut de "chouchoute" à celui de bouc émissaire du directeur, quand elle n’est plus parvenue à réaliser ses objectifs : ils avaient augmenté de 35%. "Tous les matins à 6 heures, il me laisse des messages sur mon répondeur", témoigne-t-elle, épuisée.


Dans la panoplie du pervers, on trouve encore la manipulation dans le souci de rabaisser celui qui peut lui faire de l’ombre.

Maurice, directeur marketing chez E., ne retrouvait jamais les invitations des clients déposées dans sa boîte : son supérieur les lui retirait pour qu’il n’honore pas ces rendez-vous et le lui reprochait ensuite.

Parfois, on est en plein sadisme : dans ce cabinet RH (pourtant spécialisé dans les questions de harcèlement…), le supérieur de Marc refusait publiquement d’appliquer les nouvelles procédures exigées par la direction, puis reprochait au même Marc de ne pas les respecter.

Une cheffe de projet d’un grand groupe de télécoms a découvert que la formation qu’elle avait demandée lui avait été refusée parce que son prix était trop élevé. Sauf que sa supérieure hiérarchique en avait justement gonflé le montant, pour s’assurer qu’elle n’irait pas se former.


La duplicité permet aussi d’isoler sa victime du reste de son équipe. Jean, chef de 60 ingénieurs chez T., avait réclamé une prime à sa supérieure pour l’un d’entre eux. La dirigeante lui avait assuré que son subordonné serait récompensé. Et puis, plus rien. A l’ingénieur qui s’inquiétait de ne rien voir venir, elle a répondu qu’aucune demande ne lui était parvenue. De l’art de décrédibiliser ses managers…


Comment se protéger ?
La première chose à faire est de ne plus montrer ses émotions, dont se nourrit le pervers. «Il faut arrêter de raconter sa vie, car il s’en sert pour créer des rumeurs désobligeantes», assure Isabelle Nazare-Aga, thérapeute à Paris. Avec "même pas mal pour devise, il devrait déjà commencer à desserrer son étau.

Répondre par des phrases courtes du type "c’est vous qui le dites" et de faire remarquer calmement en réunion les attitudes déviantes pour empêcher que s’instaure la loi du silence.

Les pervers narcissiques ne sont pas de grands courageux et leurs techniques fonctionnent uniquement dans l’ombre. Pour contourner leur mythomanie, envoyer des mails avec ses supérieurs en copie du type "je confirme ce que tu m’as demandé de réaliser" peut être une sage précaution.

Des parades qui permettront de gagner du temps, de neutraliser l’adversaire, avant de fuir !


Le pervers narcissique ne se soigne pas, comme il n’éprouve aucun affect, si ce n’est la jouissance de la souffrance d’autrui. N’attendez pas de rémission de sa part ou d’un coaching miracle. L’urgence est de ménager sa santé – les cas de dépression dans ce type de situation étant fréquents – par un arrêt de travail, avant de demander une mutation.

L’entreprise sera encline à traîner les pieds pour gérer ce type de dossier. "Le pervers narcissique est une plaie pour les RH", note Laurent T., consultant RH. Car, on l’a vu, son comportement diffère en public et en privé, ce qui complique la tâche pour réunir les preuves.

Inutile de claquer la porte d’une réunion à la énième pique à votre encontre, au risque de passer pour un parano hystérique. L’oppresseur saura faire remarquer de façon cynique votre manque d’humour... Pas facile non plus de trouver des témoins quand on a été mis à l’isolement.

L’auteure des «manipulateurs sont parmi nous» préconise d’enregistrer les conversations qu’il a seul à seul avec vous à l’aide d’un smartphone. "Ça n’a aucune valeur juridique, mais cela permet de mieux faire comprendre à son entourage les petites humiliations répétées que l’on subit", affirme-t-elle. Notez toutes les vexations en apparence insignifiantes : c’est la liste finale qui fera sens.


Il est alors temps d’alerter la haute hiérarchie ou le DRH. Construisez un dossier béton, car il faut développer une argumentation solide pour justifier un renvoi pour harcèlement moral.

Le dossier doit être d’autant plus solide que les pervers narcissiques savent aussi instrumentaliser la justice. "Ils parviennent à se poser en victime de dénonciations calomnieuses et sont capables de porter plainte pour diffamation", assure Jean-Claude Delgenes, directeur général de Technologia.

"En plus de s’en séparer, l’organisation doit réfléchir à ce qui a permis au comportement toxique de se développer au sein de l’entreprise", recommande Bruno Lefebvre aux DRH qui viennent le consulter.


Se faire aider, quand on a été victime, est indispensable pour mettre en lumière ce qu'il s'est passé ou se passe, les émotions et souffrances associées. Il est nécessaire de bâtir un plan de reconstruction et de renforcement du Soi.

L'hypnothérapie peut vous y aider de façon très efficace!

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